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Sandraq le dizainier

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Description

Pas particulièrement courageux, ni même très fort, il était intellectuellement dégourdi et avait une voix qui porte. C'est lorsque sa femme et son fils furent tués lors d’un pillage des Marbrons qu'il laissa tomber son commerce et s'engagea dans l'armée helionnide. Il avait perdu sa raison de vivre, aussi en trouva-t-il une nouvelle, il ferait tout pour que ce qui était arrivé à sa famille ne se reproduise pas. Attendant la mort, il protégerait son peuple du bellicisme des clans barbares.

Intelligent, il se fit vite remarquer et, au terme de l'entraînement martial, une escouade lui fut confiée. Sa première mission en tant que dizainier de la 13e fut la raison pour laquelle il s'était engagé, empêcher que ce qui avait ruiné sa vie ne se reproduise. Ainsi, il fut envoyé dans les Hauts Plateaux de l'Est où un clan de pilleurs Marbrons avait été repéré. Des dizaines de villages se nichaient là-bas, autant de cibles potentielles pour le féroce appétit de ces barbares. Une semaine et un village dévasté plus tard, la 13e arrivait dans la région des Hauts Plateaux. Les villages étaient terrifiés et les casernements locaux, très largement sous-entrainés, étaient complètement dépassés. Rapidement, l'escouade de Sandraq se heurta au clan de Hutta le Marbron. La rigueur et la coordination de la 13e eurent vite raison de la sauvagerie. Sa première mission était non seulement une réussite en tant que militaire mais aussi personnelle. Il savait qu'il avait choisi la bonne voie.

Quatre ans plus tard, l'hiver débutait lorsqu'ils furent envoyés dans les marais Galons, bouillonnant au centre du pays. Un alchimiste flirtant avec la nécromancie s'y terrait et expérimentait sur les habitants des formules qui n'auraient jamais dues exister. L'escouade de Sandraq affronta une abomination, un golem de cadavres colossal. Arrachant la victoire au terme d'un combat acharné, Sandraq était le seul encore vivant mais pas pour longtemps, le monstre lui avait arraché le bras gauche alors qu'il se protégeait avec son bouclier et certainement pulvérisé quelques organes internes. Il sentait la vie le déserter mais aucune panique ne l'habitait. Peut-être était-il déçu de ne pas avoir mené sa mission à bien, mais la joie de rejoindre sa famille accaparait ce qui lui restait de lucidité.

Alors que même la douleur avait disparu et qu'il se présentait sereinement aux portes de la mort, il ressentit une brûlure telle que ses chairs fondirent, que ce qui lui restait de sang s'évapora. Mais il ne mourait pas. Il se redressa, toujours en proie à la souffrance, et constata avec horreur que seuls ses os et son uniforme demeuraient. Il voyait autour de lui les squelettes de ses hommes se relever et se diriger vers l'antre de l'alchimiste, qui, visiblement, avait fini de flirter avec la nécromancie pour plonger dedans entièrement. Les membres de son ancienne escouade semblaient dépourvus de conscience. Ils progressaient dans un concert de râles et de tintements d'os contre armure. Il voulut les interpeller mais ses mots résonnèrent dans un souffle lugubre à l'intérieur de son plastron, ne portant pas à plus d’un mètre.

Plus aucun muscle ne couvrait son squelette mais ses mouvements restaient alertes, ses yeux liquéfiés avaient coulé de leurs orbites mais il voyait l'horreur dans laquelle il était. Malgré la sensation d'être enveloppé de flammes, il était toujours habité par son ancienne conviction de protéger la population, il mettrait fin à sa vie maudite une fois sa mission accomplie. N'ayant plus qu'un bras, il délaissa son bouclier et s'empara de son épée. Il fendit le crâne du squelette le plus proche, encore debout et armé, il ne répliqua pourtant pas. Sandraq fracassa chaque os de chacun de ses hommes, sans que cette nouvelle vie impie ne les déserte. Alors il s'engagea dans l'antre de son bourreau, une fois l'auteur mort, ses créatures le suivraient. Après avoir traversé des couloirs remplis de divers grimoires, livres et rouleaux, il descendit un long escalier de pierre en colimaçon et déboucha sur une pièce au centre de laquelle se dressait un autel et derrière celui-ci, un petit homme blond hirsute.

"Mmh tes camarades ne vont pas tarder j'imagine", dit le nécromant. Un novice visiblement, mis à part ses yeux fous injectés de sang, le corps semblait encore épargné par la corruption de la magie des morts. Sandraq arma son bras et frappa. L'homme leva les yeux vers la menace, esquiva maladroitement et la lame fendit la clavicule en s'enfonçant jusqu'au milieu du pectoral. En titubant, il heurta le mur du fond et s'affala, une écume rouge aux lèvres et le regard fixé sur Sandraq.
" Tu ... Tu n'es pas ... ss ... sous mon contrôle ?
- Non et ton emprise sur nous va disparaître en même temps que toi, chuinta Sandraq.
- Ha ! Hahahaa *toussements et gargouillements* Ma mort ne libérera pas ton âme ! *toussements et gargouillements*
- Tu mens ! Libère moi ! Laisse moi mourir !”
Mais le regard du mage noir se voilait, la réalité n’avait plus d’emprise sur lui.
“Tout ce que je voulais c'était être avec elles à nouveau” furent les dernières paroles du nécromant qui s'éteignit. Rempli d'horreur, le dizainier constatait qu'il vivait toujours. Son âme n’avait pas suivi celle du sorcier dans l’autre monde, il souffrait encore de ce feu invisible qui le rongeait et du désespoir d'être éternel.

Sandraq entreprit des recherches pour mettre fin à son calvaire. S'il était incapable de lire les runes des grimoires nécromantiques, il pouvait tout de même s'instruire en lisant les notes du propriétaire des lieux. En consultant son journal, il découvrit qu'il s'appelait Boriel W. Lightwood, alchimiste reconnu et apprécié. Quatre ans plus tôt sa compagne et leurs deux filles avaient été violées et massacrées lors d'une attaque Marbronne. Fou de désespoir et espérant les ramener, il appris la nécromancie en autodidacte. Son intelligence devait être exceptionnelle pour parvenir à un tel niveau sans maître. Lors d'une de ses maraudes pour capturer des sujets d'expérience, il entendit que, la nécromancie étant illégale, l'armée allait menacer ses recherches. Il créa alors une abomination à partir des corps de ses cobayes et prépara un sort en vue d'animer les dépouilles des soldats tombés au combat. C'est là qu'arrivait Sandraq et la 13e.

Après des mois à étudier les divers ouvrages qui lui étaient accessibles et même appris à déchiffrer quelques runes, Sandraq comprit qu'il ne pourrait mourir ni par le fer, ni par le feu, ni aucun sort, qu'il serait détruit mais pas délivré. Le désespoir grandissait en lui, il craignait de sombrer dans la folie et devenir un être dangereux mais dans un grimoire recensant les armes magiques, il trouva son salut, Reisederseele, la lame qui fait voyager l'âme. D'après les textes, cette dague avait le pouvoir, à la moindre égratignure qu'elle infligeait, d'envoyer l'âme de la victime dans l'au-delà. Comme point de départ à son enquête, il découvrit qu’à l’époque de la rédaction du livre, près de trois siècles plus tôt, l'arme était en possession d’un saint homme, vivant dans un temple reculé des nations septentrionales. Jetant son casque et s’emmitouflant dans une étoffe pour cacher ses os nus, il se lança sur les traces de cette lame salvatrice.

Ainsi débuta la quête de Sandraq le dizainier.

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